A 32 ans, Eva, jeune cadre d’origine espagnole, mène de front sa carrière et sa vie de mère célibataire. Avoir un enfant au sortir de l’adolescence n’a pas freiné les ambitions et les envies de parcourir le monde de ce petit bout de femme, bien au contraire. « Le fait d’élever seule mon fils, mais aussi de l’avoir eu jeune, l’a certainement fait murir plus rapidement. Il est déjà très indépendant. Cela rend la relation plus nourrissante, voire même presqu’amicale. Nous sommes fusionnels et nous communiquons beaucoup », explique Eva. Un épanouissement palpable dans le regard, déjà ténébreux, d’Esteban, 13 ans. « Le fait que ma mère soit jeune ne me dérange pas du tout, on s’entend bien. Comme partout, il arrive parfois qu’on ne soit pas d’accord, mais, dans ces cas-là, j’essaie de ne pas m’énerver, je réfléchis, car je sais aussi que ce n’est pas facile pour elle de tout gérer », souligne le jeune adolescent.
Dans cette famille, nous sommes loin des clichés des clashs permanents entre parents et ados. En effet, « Esteban est enfant introverti, prudent, très pacifique. Il n’est pas encore dans l’opposition mais davantage dans l’analyse et l’observation », précise Eva.
Un œil sur la planète
Porto Rico, Grèce, Bali, Cuba, Suisse, Angola et plus récemment Miami, ces deux-là ont « vu du pays », comme le dit si bien Esteban. Déjà trilingue français-espagnol, mais également portugais, son père étant d’origine angolaise, ce jeune ado a, très tôt, pris conscience de certaines réalités à travers ces voyages. « Lorsque nous sommes allés à Cuba, il a été touché par la très grande pauvreté. » Une ouverture sur le monde bénéfique pour sa maturité. Et malgré son jeune âge, Eva a déjà abordé des sujets sensibles, comme la drogue, la sexualité. « C’est important », explique-t-elle. On se parle assez librement. Je lui parle beaucoup, de toutes les thématiques adolescentes. Même si c’est parfois difficile de le faire sans le contraindre ou le forcer. Il n’est pas très bavard et il faut parfois lui sortir les vers du nez », ajoute Eva.
« Dream team »
Ce duo globe-trotteur a également de l’énergie à revendre. Ancienne danseuse, Eva pratique l’athlétisme sur son lieu de travail. Son dernier défi en date : le « marathon of London », en avril dernier d’une distance de 42 km. « Pour moi, il est important de transmettre les valeurs de travail, l’esprit de challenge à mon fils. » Une chose qu’Esteban semble avoir intégré puisqu’il a déjà trouvé sa voie. « Je fais du basket depuis six ans, et j’aimerais vraiment faire carrière aux Etats-Unis dans ce domaine, si possible, en intégrant une université et son équipe de joueurs », précise Estéban. Un futur Joachim Noah ?
Pour autant, pas question de délaisser les études. « Esteban est excellent dans les matières scientifiques comme littéraires, il est très curieux, lit beaucoup. Lorsqu’il était plus jeune, on m’a demandé à deux reprises si je désirais qu’il saute une classe, mais j’ai toujours refusé. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret. Il se sent bien, il est dans son élément, dans une section bilangue anglais-allemand », explique Eva. Mais l’adolescent voit encore plus loin. « J’aimerais apprendre le chinois, bientôt ce sera la première puissance mondiale, ça remplacera peut-être l’anglais. Et c’est une langue originale », confie-t-il. Et même s’il a le sentiment que « les ados d’aujourd’hui restent un peu trop dans leur bulle », lui, de son côté, tente de la briser et de dépasser les frontières.